Inculpation, condamnation, suicide. Une histoire simple qui peut arriver à tout le monde. Un court récit de Jean-Denis Bredin. Ali Caillou, dix-huit ans. Père Breton, mère algérienne. Motif de son arrestation : avoir tailladé la figure d'un policier lors d'une manifestation pour la paix. Tout commence ainsi, un véritable fait divers. Seulement Ali affirme, timidement, qu'il est innocent. Il ne veut pas braquer le système judiciaire. Ali est aussi étudiant en droit. Il est incarcéré à la Santé, un peu par hasard, comme lors de son arrestation. L'univers carcéral sera son dernier univers. Mais il faut se défendre. Un compagnon de cellule lui recommande un avocat qui accepte de se charger du dossier. Puis c'est le passage en jugement avec d'autres compagnons arrêtés pour la même raison. Tout va vite, trop vite pour Ali. Résultat : dix-huit mois. Dans sa cellule, Ali ne peut dormir. L'après-midi, il persuade un gardien de lui donner une bouteille de bière. « D'un coup sec, sur le fer du lit, il cassa la bouteille. Il ramassa deux gros morceaux... Il se trancha la gorge, du milieu vers les oreilles. Puis il recommença. »
Ali meurt seul. Seul, il l'a été toute sa vie. En des pages émouvantes, Jean-Denis Bredin montre dans "Un coupable" comment une existence peut briser tout espoir. Dès sa naissance, Ali est coupable, sa faute vient de sa mère. Viendra l'angoisse des récréations à l'école, la peur d'être méprisé, battu parce qu'il est à demi-arabe. Mais Ali est bon élève, alors on l'ignore. La séparation de ses parents accentuera la déchirure, bien plus que la mort d'un père quand il avait douze ans. Les vacances en Algérie passées avec sa mère remariée n'effaceront