Mais il nous faut dès lors comprendre pourquoi le progrès scientifique n'a pas du tout fait disparaître les religions.Dans sa «Loi des trois États», Auguste Comte affirme que l'État théologique, historiquement premier, partage avec l'État métaphysique qui lui succède l'ambition de résoudre les problèmes concernant les causes premières et les causes finales, c'est-à-dire les questions en pourquoi et pour quoi: d'où venons-nous? où allons-nous? etc.Par contre, l'État positif ou scientifique substitue à ces interrogations initiales des questions plus modestes et locales, concernant, non plus l'origine ou la destination des êtres et du Monde, mais le fonctionnement des phénomènes: questions en comment.Les réponses apportées par la science ne concernent donc pas, a priori, les interrogations de type métaphysique: elles s'en tiennent strictement à l'univers physique.Mais dans quel domaine la science s'affirme-t-elle sous l'aspect d'un incontestable progrès ? La formule «progrès scientifique» fait problème: au sens strict, elle ne peut désigner qu'un accroissement des connaissances, incontestable, mais auquel le public a le plus souvent difficilement accès (au passage, on évoque le problème permanent de la vulgarisation scientifique). Mais les scientifiques eux-mêmes sont les premiers à souligner l'importance de leur ignorance par rapport à ce qu'ils peuvent savoir, et l'on ne doit pas oublier que l'évolution historique d'une science aboutit avant tout à y multiplier les problèmes.Comment le public perçoit-il les conséquences de ces progrès de la connaissance