Le transhumanisme est-il une nouvelle religion ? Les questions sur le futur de notre humanité envahissent gentiment la presse francophone (suisse romande en particulier.) Après le dossier spécial "Aux frontières de l'intelligence" (Le Temps, 30.12.11) sur le futur de l'humanité et des nouvelles technologies, l'Illustré vient de publier : "2050, et l'homme devient surhomme" (L'Illustré, 15.02.12). Ces deux dossiers, très informatifs, sont d'excellentes introductions au transhumanisme. Pour rappel, le transhumanisme est un courant intellectuel qui cherche à utiliser les technologies actuelles et futures dans le but d'améliorer certains aspects de l'être humain, tels que la mort et le vieillissement. Si le projet est un succès, l'être humain pourrait se transformer en une nouvelle espèce : le post-humain, "un descendant d'Homos sapiens, dont les capacités auront tellement dépassé celles de l'Homme qu'il ne fera plus partie de la même espèce" (Le Temps, 15.11.12). Cependant, les deux dossiers de l'Illustré et du Temps omettent de discuter un aspect essentiel de cette idéologie: le religieux. Souvent ignoré dans ce débat d'idées, l'aspect religieux de ce mouvement est frappant, de part ses origines, ses idéologies et ses promesses.
Né de la raison, de la science et de la technologie, le transhumanisme peut, à première vue, paraître un mouvement athée. Cependant, au-delà des apparences, on y trouve une idéologie fortement inspirée du Christianisme. Le théologien Pierre Teilhard de Chardin (1881-1955), par exemple, fut l'un des premiers à considérer sérieusement le futur de l'évolution humaine. Ses recherches discutent du génie génétique, de l'émergence d'un réseau mondial de communication (qui pour certains est considéré comme précurseur d'Internet), et de l'accélération du progrès technologique vers une intelligence supérieure à l'intelligence humaine. Ces thèmes sont aujourd'hui tous repris par les transhumanistes d'une manière ou d'une autre.