Il fait plus clair à présent [...] L'opéra est déjà fini. Ce qui signifie concrètement qu'il est si tard que Mme Kohut mère se déchainera de rage dans son rayon d'action domestique que jamais elle ne déserte pour aller se coucher avant que sa fille ne soit rentrée saine et sauve à la maison. Elle hurlera. Lui fera une scène de jalousie épouvantable. Il en faudra du temps avant qu'elle soit amadouée. Et aussi qu’Erika lui rende une bonne douzaine de petits services d'amour hautement spécialisés. Car depuis ce soir, une chose est sure et certaine: La mère se sacrifie et l'enfant ne lui consacre même pas une seconde de son temps libre! Comment d'ailleurs la mère pourrait-elle s'endormir avec la crainte d'avoir à se réveiller lorsque la fille grimpera dans sa moitié du lit conjugal? La mère rode maintenant comme une louve à travers l'appartement, allongeant le pas, braquant ses yeux, deux poignards sur les pendules. Elle fait halte dans la chambre de sa fille, ou il n'y a ni lit personnel ni clef personnelle. Ouvre l'armoire et flanque en l'ai ces vêtements achetés bêtement [...]. Des son lever le lendemain matin, avant d'aller au conservatoire, la fille devra tout ranger. Ces vêtements sont aux yeux de la mère autant s'indices de l'égoïsme et de l'obstination d’Erika. Egoïsme que dénote aussi le fait qu'il est onze heures passées et que la mère est toujours seule avec elle même. C'en est trop. A qui parler après la fin du film a la télévision! Il y a bien un débat de nuit, mais elle ne tient pas à le regarder car elle s'endormirait, ce qui est hors de question avant d'avoir réduit l'enfant a l'état de pelote informe et humide. Elle veut rester tout à fait éveillée la mère. Elle plante les dents dans une vieille robe de concert qui recèle encore entre ses plis l'espoir d'appartenir un jour à une grande star européenne du piano. A l'époque pour l'acheter, ils s'étaient enlevés le pain de la bouche [...]. Aujourd’hui cette bouche mord férocement dans le vêtement. A