Tout homme a-t-il droit au respect ?
On voit donc que la question : tout homme a-t-il droit au respect ? n’est pas simple. Elle exige qu’on examine ce qui, dans un homme, est digne de respect. Deux conceptions sont ici à examiner : ou bien le respect est dû à la personne humaine, abstraitement et universellement, ou bien le respect doit être proportionné au mérite de chaque individu. C’est une question importante parce que, de la réponse dépendent des conséquences politiques, juridiques et morales très concrètes : peut-on considérer les gens comme un troupeau ? Un criminel a-t-il encore des droits ? Comment doit-on se comporter envers un ennemi ? Entre autres.
Le respect est d’abord un devoir moral. Il consiste, selon Kant, à reconnaître dans l’homme une personne, c’est-à-dire à le traiter comme « un être entièrement différent, par le rang et la dignité, des choses ». Une personne est un être qui possède sa fin en lui-même, puisque, étant conscient et libre, il peut déterminer lui-même sa conduite et n’est pas simplement déterminé par les lois de la nature comme un chose. Cette autonomie lui confère une valeur « infiniment au-dessus » de celle de la chose, qui n’a qu’une valeur de moyen pour une personne et « dont on peut disposer à sa guise » : valeur d’usage ou valeur affective, ce que vaut une chose est relatif à un autre être qu’elle. En revanche, la personne « ne peut être considérée seulement comme un moyen, mais toujours en même temps comme une fin ». C’est cela que signifie la notion de respect : reconnaître l’autre comme une liberté posée en