On s'interroge depuis longtemps sur les tornades pour la simple raison qu'il est important de les comprendre. Elles éclatent sporadiquement et avec fureur, créent les vents les plus forts qui existent à la surface du globe et tuent plus de personnes chaque année que tout autre phénomène météorologique, à l'exception de la foudre. Leur nature même les rend inaccessibles à une observation planifiée. On pense par exemple que la vitesse maximale des vents dans une tornade est de l'ordre de 500 kilomètres à l'heure, mais cette estimation ne repose que sur l'analyse de films photographiques ou sur l'examen des dommages infligés à des constructions. On ne dispose d'estimations des variations de pression atmosphérique, autre type essentiel d'information, que pour les quelques orages qui sont passés près de stations météorologiques : aussi, les météorologistes n'ont-ils pu bâtir les modèles, parfois très élaborés, de la physique des tornades, que sur des observations très incertaines.
Cet état de fait est en train de changer. À partir de 1970, on a commencé à sonder les orages qui produisent des tornades à l'aide de radars Doppler et à mesurer la vitesse des vents dans de tels orages depuis un lieu sûr. On a ainsi grandement amélioré la connaissance du courant ascendant - cette colonne d'air montante au cœur de l'orage - et de ses interactions avec l'environnement. On sait aujourd'hui bien mieux comment un fort courant ascendant amorce le mouvement de rotation de l'air et comment les vents tournants s'intensifient pour donner naissance à la tornade.
En revanche, la dynamique de la tornade elle-même reste assez insaisissable. Le diamètre du nuage de la tornade mesure rarement plus de quelques centaines de mètres et la résolution du radar Doppler ne permet pas de mesurer la vitesse du vent à si petite échelle. L'analyse d'images filmées fournit de nombreux indices sur le déplacement de l'air dans la tornade mais la plupart des descriptions théoriques du comportement du