Acte III, scène V
NOMS
NOM

Mère, il me faut vous informer
D’un secret que mon cœur ne peut plus renfermer.
Hélas, un cruel destin me poursuit,
Mais qu’ai-je fais pour que les dieux me punissent ainsi ?
Moi qui, contre l’amour souvent révolté
J’ai pourtant croisé le regard de cette Cléomée.
Et mes yeux soudainement enchantés,
On vus en elle sa grâce et sa beauté.
Mes yeux alors, mes yeux n’avaient pas vu le roi,
Dont l’âme s’était épris de la même que moi.
Mais las, quel parti prendre, je ne puis me taire,
Quel ennemi choisir, d’une épouse ou d’un frère ?
Je ne pourrai trahir mon frère avec qui je partage le même sang,
Et qui l’élève aujourd’hui à cet illustre rang.
Mais l’amante qui me charme et qui m’attire,
Ne m’est-elle pas, après tout, tout ce que je désire ?
A toute heure, en tous lieux, dans l’éclat d’une nuit si sombre
Je pense l’embrasser mais n’embrasse qu’une ombre.
J’ai pourtant évité de croiser le portrait de cette femme;
Mais celle-ci ne cesse de hanter mon âme.
Je tiens à tout deux par de si forts liens
Qu’on ne peut triompher que par la mort d’un des miens.
Je sens ma chair blessée par tant de coups qui me tourmentent
Et qui m’ôtent maintenant un frère ou une amante.
Allons puisqu’il faut mourir, de tant d’horreurs un trépas me délivre.
Est-ce un si grand malheur que de cesser de vivre ?
Mais mourir sans honneur, sans raison
Seulement pour éviter un affront
Je laisserai alors derrière moi la mémoire d’un prince déplorable.
Mais dite-moi chère mère, qu’ai-je fais pour me retrouver dans une situation semblable ?
Je suis aussi malheureux qu’un chien en cage,
Et à dire vrai j’espère parfois que tout ceci est un mirage.
Hélas il me faut maintenant faire un choix,
Que feriez-vous au point où je me vois ?