Théorie de keyness
Notice bibliographique pour la Bibliothèque de l’Encyclopaedia Universalis Marion Gaspard, Triangle UMR 5206 et Université de Lyon∗ La célébrité de J.M. Keynes (1883-1946), économiste à Cambridge et haut fonctionnaire, connaît son point culminant avec la publication de la Théorie générale. Non parce ce livre résume parfaitement la pensée de son auteur, qui révise dès 1937 certains de ses développements, mais parce que sa destinée répond pleinement aux ambitions de Keynes, placées sous le double signe de la théorie et de l’action économiques. Face au hiatus flagrant entre l’optimisme de la théorie libérale “orthodoxe” et la durée de la crise des années trente, Keynes théorise la possibilité d’un équilibre durable de sous-emploi et fonde la nécessité d’une intervention de l’Etat. La Théorie générale est considérée comme l’ouvrage économique majeur du XXe siècle, tant par les bouleversements théoriques et méthodologiques qu’il propose que par les politiques économiques qu’il justifie. Une théorie de l’emploi Le “ but ultime ” de Keynes est “ la découverte des facteurs qui déterminent le volume de l’emploi ” (p. 111). Il s’oppose pour cela à l’analyse du marché du travail de ceux qu’il nomme les “classiques” : les économistes qui, de Ricardo à Pigou, auraient en commun d’admettre la loi de Say et la théorie quantitative de la monnaie. Keynes rejette l’idée d’un marché du travail régi par la loi de l’offre et de la demande. Le volume de l’emploi n’est pas déterminé sur un hypothétique marché : il dépend uniquement de la décision d’embauche des entrepreneurs, personnages clé du système keynésien. Ceux-ci fixent leur niveau d’embauche selon le “principe de la demande effective” : ils offrent un niveau de production égal à la quantité de biens qu’ils espèrent écouler d’une part, en veillant à maximiser leur profit d’autre part. C’est donc la demande globale anticipée qui détermine les