Texte de pablo neruda traduit
539 mots
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Un des amis de Federico et Rafael était le jeune poète Miguel Hernandez. Je le connu quand il arrivait en espadrilles et en pantalon campagnard de velours de ses terres d’Orihuela où il avait été berger d’un troupeau de chèvres. J’ai publié ses vers dans ma revue Caballo Verde et l’éclat, l’énergie de sa poésie abondante m’enthousiasmaient. Miguel était si campagnard qu’il portait une brise de terre autour de lui. Il avait le visage d’une motte ou d’une pomme de terre qui sort d’entre les racines et qui conserve sa fraicheur souterraine. Il vivait et écrivait chez moi. Ma poésie américaine, aux autres horizons et plaines, l’impressionna et il en fut transformé. Il me racontait des contes terrestres d’animaux et d’oiseaux. Il était cet écrivain là, sorti de la nature comme une pierre intacte, à la virginité sauvage et à l’irrésistible force vital. Il me racontait combien mettre les oreilles sur le ventre des chèvres endormies était impressionnant. Ainsi on entendait le bruit du lait qui arrivait aux mamelles, le murmure secret que personne n’a pu entendre à part ce poète là des chèvres. D’autres fois il me parlait du chant des rossignols. Le Levant espagnol, d’où il provenait, était chargé d’oranges en fleur et de rossignol. Comme dans mon pays ces oiseaux là, ce sublime chanteur n’existent pas, le génie de Miguel voulait me donner la plus vive expression plastique de sa puissance. Il grimpait sur un arbre de la rue et, depuis les plus hautes branches, il sifflait ou faisait des vocalises comme ses oiseaux natals bien-aimés. Comme il n’avait pas de quoi vivre, je lui cherchai un travail. C’était dur de trouver un travail pour un poète en Espagne. Enfin, un vicomte, haut fonctionnaire au Ministère des relations publiques, s’intéressa à son cas et me répondit que oui, qu’il était d’accord, qu’il avait lu les vers de Miguel, qu’il l’admirait, et que celui-ci lui indique quel poste il désirait pour répandre sa nomination. Réjoui, je le dis au poète :