Le vedettariat Les magazines, le cinéma, la radio et surtout la télévision, relayant et multipliant les rumeurs et les images des stades, des music-halls, sont en train de devenir les grands ordonnateurs de la réussite. Les triomphateurs de la compétition, ce ne sont plus ceux qui ont d'abord le rang, l'ascendant culturel, la puissance ou l'argent et qui en tirent prestige, mais, de plus en plus, ceux qui ont le statut de vedettes. De cette promotion découlent tous les succès, y compris celui de la fortune. Champions du sport, chanteurs en vogue, acteurs à la mode, ils deviennent les véritables modèles à qui vont toutes les faveurs. Sans doute les écrans petits et grands, les journaux illustrés font-ils quelque place aux grands noms de la politique, des arts, de la littérature ou même de la science. Mais, dans le cas des vedettes, l'ordre des confirmations est inversé. C'est parce qu'on a pu parvenir sur le devant de la scène qu'on obtient une sorte de passeport pour les voies où se récoltent tous les autres avantages que la société peut accorder aux statuts prééminents. Le statut de vedette comporte d'autres caractéristiques qui le rendent incomparable aux autres. D'abord, il ne requiert aucun titre préalable et semble arriver comme par magie. Le spectateur peut s'identifier à la vedette, car aucune barrière d'origine ou de formation ne le sépare de son idole. Sans doute faut-il souvent beaucoup de talent et de travail pour réussir dans le « show-business ». Mais cela n'apparaît pas sur l'écran, et tout adolescent peut imaginer que, si la chance lui sourit, la même ascension foudroyante lui est promise. À quoi bon de longues études ? L'argent, la gloire sont à portée de la main. Le vedettariat est d'ailleurs polyvalent. Il confère la possibilité de briller partout. Le chanteur en renom devient acteur de cinéma, et vice versa. Tout individu touché par cette grâce sera appelé à exprimer ses opinions sur les ondes, à parler de politique si