Tartuffe
« -Allez mon ami, faites ce que je vous demande, pour une fois. Il faut prendre ce traitre à son propre jeu !
-Traitre ? Mon ami, mon frère, Tartuffe, un traitre ?! Surveillez votre langage, ma douce, vous risqueriez d’en souffrir…
Sur ces mots, Elmire lève les yeux au ciel, pousse un profond soupir, et se campe d’un pied ferme devant la table de salon, recouverte d’une longe nappe, s’arrêtant juste avant le sol. Orgon la regarde, comprend qu’il ne pourra raisonner sa femme, et se décide, en maugréant, à s’approcher à petit pas de la table.
« Allez, vous dis-je ! Vous ne craignez pas quelques minutes passées sous la table tout de même ? Vous devez vous cacher, pour le bien de notre mission. Nous devons confondre votre Tartuffe, je dois vous montrer son vrai visage, vous comprendrez ainsi. Ecoutez, jugez, et ensuite, nous en discuterons mon amie. »
Sur ce, Elmire soulève la nappe, et jette un regard sévère à Orgon, lui indiquant qu’il n’a d’autres solutions qu’obéir, s’il ne veut subir les foudres de sa femme… Il se glisse dont, à quatre pattes, sous la table, jurant tout bas lorsqu’il se cogne le front contre un tiroir mal fermé.
Sa femme rabat vite la nappe, la lisse, lorsqu’elle entend des pas lourds dans le couloir. Elle se précipite d’un pas rapide vers un fauteuil, s’y assoit, saisit un livre, posé sur une table basse, en faisant mine d’être plongée dans sa lecture.
La poignée de la porte du salon fut actionnée, et Tartuffe pénétra dans la pièce, dans un large mouvement de bras. Jetant un bref regard dans la pièce, pour vérifier qu’il était bien seul dans la pièce avec Elmire, il s’avança d’un pas lent, presque royal, vers la femme de son « ami » Orgon. Il la dévisagea avec insistance, alors qu’Elmire simulait de ne pas l’avoir entendu, et d’être plongé dans la lecture de son livre…
Tartuffe s’éclaircit la gorge…
« Et bien, on est venu me dire que vous vouliez discuter avec