Taoisme, légisme, cosmologie
Selon l'historien Sima Tan (2e siècle av. J.-C.), les taoïstes auraient défendu les idées suivantes: - par un travail sur eux-mêmes, les hommes peuvent atteindre l'harmonie du corps et de l'esprit, et réaliser leur lien essentiel avec le tao et le cosmos tout entier; - quand les princes se plient à un tel exercice intérieur, ils gouvernent sans passion et avec bienveillance, selon les grands desseins du Ciel et de la Terre; - tout en demeurant fidèles à cette orientation taoïste générale, les princes devraient également s'inspirer d'idées issues d'autres traditions de pensée; - après avoir mis en oeuvre ces institutions et ces pratiques, les princes peuvent régner sans intervenir: c'est le concept du « non-agir » 无为. Cette caractérisation est importante, parce qu'elle nous rappelle à quel point la politique constitue une dimension fondamentale de la pensée chinoise ancienne, et ce même dans le taoïsme; cependant, elle reste insuffisante pour cerner les spécificités de ce courant de pensée, car les quatre traits indiqués par Sima Tan pourraient presque être repris à l'identique pour décrire le confucianisme. Voici d'autres traits distinctifs du taoïsme: - l'étonnement face à la puissance et à la grandeur de la nature; - l'idée que la culture va à l'encontre de la nature; une aliénation de plus en plus grande sépare l'homme « vrai » – le saint, selon le taoïsme – de l'homme social; - la méfiance à l'égard de toutes les institutions humaines; - l'idée que la morale marque un déclin par rapport à l'état de pureté originel; - la méfiance à l'égard du langage et du discours, considérés comme incapables de saisir les réalités ultimes – la nature du tao; - l'importance de pratiques diverses telles que la respiration pour atteindre la Voie.
Deux pensées complémentaires
On oppose assez souvent le confucianisme et le taoïsme: tandis qu'au premier sont associées la morale, la culture, la société et la politique, le second privilégierait la nature