Séduction/tentation : quelles nuances?
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Etre séduit, c’est être détourné du droit chemin, de la vie qu’on était destiné à mener. Le détournement a forcément lieu vers une autre vie dont un certain objet, séduisant ou séducteur, a fait miroiter la possibilité. Il y a donc la vie même et l’autre vie, dont le paradoxe de la séduction est qu’elle apparaisse comme la plus propre, celle que depuis toujours et donc sans le savoir on se devait à soi-même de mener. Impossible de parler de séduction sans admettre la nécessité aussi étonnante qu’injustifiable de se faire le complice de ce qui séduit contre celui qu’on a été depuis toujours et dont, par là même, on se signifie à soi-même qu’il était non vrai. La vraie vie serait donc ailleurs, à portée de main : il suffit de se décider. Toute la question est là, en effet, qui est celle d’être sujet : ou bien celui de la vie qu’on a les meilleures raisons de poursuivre (et donc aussi d’améliorer) ou bien celui d’une autre vie pour laquelle on ne pourrait se décider qu’à l’encontre des meilleures raisons, et quoi qu’il puisse arriver. Ainsi la séduction semble-t-elle identique à une tentation : celle qu’exerce sur nous l’objet séduisant ou séducteur, qui serait finalement tentation de la folie contre la raison. Tentant et séduisant sont souvent pris l’un pour l’autre, comme tentateur et séducteur. Est-ce à bon droit ? N'y a t-il pas des nuances? Etre dévié du droit chemin - du latin seducere - séduire. Et si ce droit chemin n'était pas le bon? Séduire ne devrait il pas "remettre dans le droit chemin?". A