Supplément au voyage de bougainville
Supplément au voyage de Bougainville, de Diderot, est conçue comme un dialogue opposant deux façons de penser, de vivre. Elle soulève également le problème du colonialisme et célèbre la vie sauvage par rapport à l'homme civilisé, ici dénigré. Dans cet extrait, Denis Diderot met en scène un vieillard qui se présente comme étant indifférent au départ des blancs. Au moment de ce départ, il prononce un discours violent divisé en deux parties : dans la première, il s'adresse tout d'abord aux Tahitiens puis dans la deuxième, il s'adresse directement à Bougainville. Dans ce texte, Diderot souligne l'opposition entre deux nations, les qualités des Tahitiens devant les défauts de la culture blanche. Nous verrons en quoi ce discours présente les méfaits de la civilisation, fait un éloge de la vie naturelle et sur quoi repose sa force oratoire.
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Texte complet de Supplément au voyage de Bougainville - Diderot (pdf)
Au départ de Bougainville, lorsque les habitants accouraient en foule sur le rivage, s'attachaient à ses vêtements, serraient ses camarades entre leurs bras, et pleuraient, ce vieillard s'avança d'un air sévère, et dit :
" Pleurez, malheureux Tahitiens ! pleurez ; mais que ci soit de l'arrivée, et lion du départ de ces hommes ambitieux et méchants : un jour, vous les connaîtrez mieux. Un jour, ils reviendront, le morceau de bois que vous voulez attaché à la ceinture de celui-ci, dans une main, et le fer qui pend au côté de celui-là, dans l'autre, vous enchaîner, vous égorger, ou vous assujettir à leurs extravagances et à leurs vices ; un jour vous servirez sous eux aussi corrompus, aussi vils, aussi malheureux qu'eux Mais je me console ; je touche à la fin de ma carrière ; et la calamité que je vous annonce, je ne la verrai point. (Tahitiens ! ô mes amis ! vous auriez un moyen d'échapper à un funeste avenir ; mais j'aimerais mieux mourir que de vous eu donner le conseil. Qu'ils s'éloignent, et qu'ils vivent. "