Suicide professionnel
Article 1.
Le suicide est-il contagieux ?
Guillemette Faure, 2009 Le suicide s'attrappe-t-il comme la grippe ? C'est l'avis de Malcolm Gladwell, auteur aux Etats-Unis du « Point de Bascule » (The Tipping Point), un best-seller consacré à la propagation des épidémies sociales. Gladwell donne l'exemple de la Micronésie : alors que le suicide y est quasiment inexistant pendant les années 1960, à la fin des années 1980, le taux de suicide annuel par habitant y est le plus élevé du monde, à 160 suicides pour 100 000 habitants chez les 15-24 ans. Gladwell, qui compile les travaux de l'anthropologue Donald Rubinstein, explique que ces suicides suivent le même schéma. Leurs auteurs sont des hommes d'une vingtaine d'années, qui vivent chez leurs parents. Généralement, ils se donnent la mort le week-end et laissent derrière eux une note indignée par la façon dont ils ont été traités. Une sorte de colère romantique après des faits qui pourraient sembler bénins : « Les ados se suicidaient parce qu'ils avaient vu leur petite copine avec un autre garçon ou parce que leurs parents leur refusaient de l'argent de poche pour une bière. » Plus les suicides se font fréquents, plus ils familiarisent les autres jeunes avec un geste extrême, résume Gladwell, le suicide devient le geste par lequel les jeunes expriment leurs colères. A la Une des journaux
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Il cite encore le travail de David Phillips. Ce sociologue de l'Université de Californie a étudié les Unes de grands journaux régionaux américains et les statistiques de suicide entre 1940 et 1960 : les taux de suicide dans la zone de diffusion des quotidiens mentionnant un suicide