Chaque année en France, 21 personnes sur 100 000 se donnent la mort. Chez France Télécom, qui emploie 102 000 personnes dans l'Hexagone, 23 personnes se sont donné la mort en un an et demi. Le groupe n'afficherait donc pas une surmortalité liée au suicide, par rapport à la moyenne française. Mais les données restent éparses et imprécises. Pour y voir plus clair, de nombreuses associations militent pour la création d'un observatoire du suicide en France. "Nous ne savons même pas si le suicide chez les chômeurs est plus important ou non que chez les actifs. Comment faire un travail de prévention dans ces conditions?" déplore ainsi Michel Debout, président de l'Union nationale pour la prévention du suicide. "Dès le mois de février, alors que la crise commençait à avoir des conséquences sur le sort des salariés, nous avons alerté les pouvoirs publics sur cette question, afin de mettre en place un Grenelle du suicide. Mais ils ont attendu que des évènements dramatiques fassent la une des journaux pour s'emparer du problème".
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La médiatisation des suicides est-elle dangereuse?
La semaine dernière, un salarié a tenté de se suicider en se donnant un coup de poignard. Quelques jours plus tard, une autre employée du groupe se défenestrait sur son lieu de travail. "Dans le suicide il peut y avoir un acte de contagion, analyse Michel Debout. Tant que le malaise qui a suscité le passage à l'acte n'a pas eu de réponse, d'autres suicides sont à craindre". L'écho médiatique de ces passages à l'acte peut donc être dangereux. Idéalement, il peut forcer les entreprises à prendre en compte le problème. "La question du suicide en entreprise ne sera résolue que si les directions cessent d'être dans le déni et si les représentants du personnel arrêtent la stigmatisation", explique ainsi Michel Debout. Mais chez France Télécom, on n'en