Spinoza
- de " C’est pourquoi, user des choses et y prendre plaisir " à " dont chacun peut user sans faire tort à autrui ".
Ce paragraphe est un peu plus conforme à l’idée de plaisir que se faisaient les penseurs antiques. Spinoza défend la juste mesure, le juste milieu, la modération. Mais ce n’est pas en contradiction avec le paragraphe précédent qui ne faisait que nous donner une définition du plaisir. Le présent paragraphe nous indique comment user du plaisir. Il faut user des plaisirs " autant qu’il se peut " c’est à dire autant que notre nature nous le permet. Lorsque cette nature ne peut plus prendre plaisir, qu’elle en est saturée, nous le sentons : le corps est dégoûté, c’est un indicateur. Dès qu’il y a dégoût, le plaisir s’efface, il se nie, il devient son contraire. L’homme qui veut prendre plaisir sera donc modéré. Le raisonnement est le suivant : comment prendre le plus de plaisir possible : en étant modéré dans ses plaisirs. Mais le but est quand même de prendre le plus de plaisir possible.
- Le sage ne refuse pas les plaisirs. Ce qui est sage, ce n’est pas le refus du plaisir, c’est la capacité à modérer ses plaisirs pour pouvoir les faire durer et y participer autant que possible. C’est une interprétation originale du thème antique de la juste mesure, du juste milieu. La pratique spinoziste du juste milieu est un moyen pour parvenir à un maximum de plaisir qui est également un maximum de puissance, un maximum de perfection et un maximum de participation à l’essence divine.
Dans ce contexte, tous les plaisirs sont bons à prendre, sans distinction, à partir du moment où on en fait un usage modéré : nourriture, boissons agréables, parfums, plantes verdoyantes, parure, musique, jeux de gymnase, spectacles, etc… Il n’y aucune morale à s’interdire les plaisirs et le sage le sait. Mais la collection des plaisirs n’est pas seulement fondé moralement, elle a aussi des origines plus profondes, dans la nature même de l’homme.