Souvenirs de mai 1981
En mai 1981, j'avais 26 ans, Provinciale venue à Paris bac en poche, j'avais, après une année de classe préparatoire et une licence d'allemand, passé un concours de ce qu'on n'appelait pas encore la fonction publique territoriale, et j'étais sur le point d'être titularisée dans mon poste. J'habitais un petit logement dans le 20e arrondissement, rue Julien Lacroix, sans lumière dans l'escalier, avec les WC sur le palier et un balcon branlant offrant une vue superbe sur Paris et sur les transformations de Belleville,
J'étais aussi une militante communiste qui avait participé, à la base, avec enthousiasme et assiduité à tous les épisodes des batailles politiques de 1972 à cette élection présidentielle : la signature du programme commun, la campagne présidentielle de 1974, les discussions sur la réactualisation du programme commun, l'enjeu des nationalisations, etc..., les législatives de 1978, sans oublier la vente militante de l'Humanité dimanche, le muguet du 1er mai, les manifestations pour toutes les bonnes causes...
Trois souvenirs me viennent d'emblée :
Le premier, la proclamation des résultats ,le 10 mai au soir, à la mairie d'Arcueil (Val de Marne) où j'étais alors employée. J'avais sans doute dû à ce titre participer à la tenue, côté administratif, d'un bureau de vote.
Ce que je revois nettement, c'est la proclamation des résultats par le maire, Marcel Trigon, la joie générale de l'assistance, la sensation de vivre un moment unique, exaltant. Puis quelques instants plus tard, un aparté de Marcel Trigon à quelques proches, exprimant, au milieu de cette ambiance de liesse, le souci que nous n'allions vers de graves désillusions.
Du moins, c'est ainsi que ma mémoire l'a enregistré.
En second lieu, le lendemain ou peu de jours après, mon étonnement et ma frustration de voir que les énormes panneaux publicitaires implantés dans l'espace public, emblèmes à mes yeux d'un monde de commerce et de consommation, étaient toujours là, inchangés,