Sociologie éducation
Dans nos sociétés le corps tend à devenir une matière première à modeler selon l’ambiance du moment. Il est désormais pour nombre de contemporains un accessoire de la présence, un lieu de mise en scène de soi. La volonté de transformer son corps est devenue un lieu commun. La version moderne du dualisme diffus de la vie quotidienne oppose l’homme à son propre corps et non plus comme autrefois l’âme ou l’esprit au corps. Le corps n’est plus l’incarnation irréductible de soi, mais une construction personnelle, un objet transitoire et manipulable susceptible de maintes métamorphoses selon les désirs de l’individu. S’il incarnait autrefois le destin de la personne, son identité intangible, il est aujourd’hui une proposition toujours à affiner et à reprendre. Entre l’homme et son corps, il y a un jeu, au double sens du terme. De manière artisanale, des millions d’individus se font les bricoleurs inventifs et inlassables de leur corps. L’apparence alimente désormais une industrie sans fin.Le corps est soumis à un design parfois radical ne laissant rien en friches (body building, régimes alimentaires, cosmétiques, prise de produits comme le DHEA, gymnastiques de toutes sortes, marques corporelles, chirurgie esthétique, transsexualisme, body art, etc.). Posé comme représentant de soi, il devient affirmation personnelle, mise en évidence d’une esthétique et d’une morale de la présence. Il n’est plus question de se contenter du corps que l’on a, mais d’en modifier les assises pour le compléter ou le rendre conforme à l’idée que l’on s’en fait. Le corps est aujourd’hui un alter ego, un autre soi-même un peu décevant, mais disponible à toutes les modifications. Sans le supplément introduit par l’individu dans son style de vie ou ses actions délibérées de métamorphoses physiques, le corps serait une forme insuffisante à accueillir ses aspirations. Il faut y ajouter sa marque propre pour en prendre possession. Le corps devient la prothèse d’un moi