Societe sans etat
Je me permets de m’en remettre à Hegel qui écrivit qu’en instituant la citoyenneté, l’Etat semble accéder à l’universel. Il ajoute, qu’en ce sens, l’Etat est la réalité de l’idée morale. Il s »agirait donc de la rationalité accomplie, réalisant la morale et le droit, qui, au niveau individuel, ne sont que des abstractions. Et le citoyen peut ainsi prétendre être l’homme véritablement humain, élevé au sens du bien public, plus raisonnable que l’individu particulier.
Mais ce discours n’est-il pas une illusion ? La réalité de l’Etat n’est-elle pas essentiellement répressive ? Telle fut la position d’un anti-étatisme radical représenté surtout, au XIXème siècle, par l’anarchisme dont le projet est de détruire l’Etat en tant que tel. Je vous laisse consulter Proudhon qui ne veut ni Dieu, ni maître. Mais on peut faire la même remarque avec le marxisme, qui voit dans l’Etat non le garant de l’intérêt général, mais des institutions et des appareils au service des intérêts particuliers de la classe dominante.
L’anarchisme et le marxisme semblent donc se rejoindre dans leur critique de l’Etat et la société sans classe qu’ils souhaitent tous deux est aussi une société sans Etat. Il y a pourtant entre eux des différences importantes. La première est que Marx rattache l’analyse de l’Etat à l’évolution de l’histoire. Moyen pour assurer politiquement la domination de la classe économiquement possédante, l’Etat a une fonction et une nécessité que ne lui reconnaît pas l’anarchisme. D’ailleurs, dans la révolution prolétarienne, le marxisme voit moins la suppression de l’Etat comme tel que le remplacement de l’Etat bourgeois par un Etat prolétarien qui est censé s’éteindre progressivement.
La seconde différence est que si marxisme et anarchisme sont tous deux des critiques radicales