Une de nos patientes, célibataire, se plaignait ainsi des persécutions que lui avait fait subir la directrice de la maison dans laquelle elle avait travaillé durant de nombreuses années. Elle mettait ces faits sans cesse en avant. L’attrait homosexuel était évident, les projections aussi, qui toutes soulignaient l’intérêt négatif que notre malade avait suscité chez sa directrice. Après avoir quitté son travail pour des raisons extérieures à cette affaire, notre malade se plaignait encore que cette directrice ait eu, sur elle, une mauvaise influence qui la troublait, même maintenant, qui lui soulignait son insuffisance et son impossibilité d’être appréciée et aimée.
90 Les choses s’estompèrent pendant l’analyse. Progressivement je prenais plus d’importance pour la malade que son ancienne directrice et les projections sur moi n’étaient pas particulièrement intenses. Or un jour, à l’occasion d’une réunion, notre patiente revit cette directrice. Celle-ci, dont le caractère devait, habituellement, être peu commode, invita ce jour-là notre jeune fille à prendre le thé. Ce fut fini et je n’entendis plus jamais parler de la fameuse directrice. Les deux facteurs de l’investissement d’un nouvel objet, l’analyste, et le mouvement positif du pseudo-persécuteur avaient suffi à régler l’affaire.
91 L’établissement du pronostic d’un malade chez lequel on mettra en évidence le système spécifique de la relation d’objet allergique se fera sur trois éléments essentiels : les possibilités objectales, les possibilités relationnelles, la valeur du recours somatique.
92 Nous n’entrerons pas ici dans les détails de l’estimation du recours somatique et de ses modalités selon les diverses affections allergiques. Rappelons toutefois que le symptôme ne constitue pas seulement un objet d’intérêt pour le patient, objet qui peut avoir sa place au milieu des autres objets investis à l’extérieur, mais surtout qu’il constitue en lui-même un épisode (c’est une constatation clinique) susceptible