Amour & barbelés sous l'Occupation de Robert Doisneau.
Manuel Français 3è / programme 2012
Collection « Terre des Lettres », Nathan
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Que voyez-vous ?
Nous voyons un couple enlacé, assis sur des chaises dans le jardin des Tuileries à Paris.
L'homme pose des mains protectrices sur la femme qui cache son visage dans le cou de celui qu'elle aime.
Au premier plan, de manière violente, des barbelés nous séparent du couple, formant un véritable barrage. Cette présence inquiétante qui rappelle le temps de guerre coupe la photographie aux deux tiers.
Il n'y a personne d'autre ; le regard se perd dans une longue perspective vide, bordée d'un côté par une rangée d'arbres et de l'autre par une balustrade en pierre, elle-même surmontée d'arbres qui longent la Seine.
Ainsi la photographie est striée par un certain nombre de lignes verticales : troncs des arbres du jardin et des bords de Seine, montants de la balustrade, réverbères et piles du pont.
Le ciel, lui, prend peu de place et est grignoté par la frondaison des arbres.
Que comprenez-vous ?
Les verticales donnent une impression de resserrement voire d'étouffement autour du couple qui se trouve presque emprisonné ; seul le point de fuite offre une ouverture mais vers un avenir qui peut sembler incertain étant donné le contexte de la guerre...et le peu de respiration laissée par le ciel.
Les chaises vides du 3è plan peuvent aussi renforcer l'impression de malaise, d'abandon, de départ imminent, de solitude.
Les barbelés ferment l'espace horizontalement et évoquent le déchirement, la blessure, l'impossibilité de se retrouver et font écho à la détresse que semble traverser le couple – la femme tient un mouchoir froissé qui laisse supposer qu'elle pleure. Ces amants vont-ils être séparés par la guerre ? Craint-elle de ne jamais le revoir ? L'homme tient également un mouchoir dans sa main droite.
Le thème du chagrin et de la douleur, de l'épineux présent est symbolisé par le motif de la