Le roman de Djaout se déroule quelque 30 années après la guerre d’Algérie, autour des années 1986 ou 1990, et présente une double intrigue. Nous rencontrons, d’une part, Mahfoudh Lemdjad, un jeune professeur de physique de 34 ans qui est l’inventeur d’un métier à tisser modernisé. Lemdjad habite un minuscule studio dans un quartier bruyant et insalubre de la capitale et il se considère particulièrement chanceux lorsque le riche propriétaire d’un appartement spacieux accepte de le lui prêter le temps qu’il puisse terminer le travail de conception et de fabrication d’une maquette de son métier à tisser amélioré. Ce logement se trouve à Sidi-Mebrouk, un village proche de la capitale transformé en banlieue aisée par la croissance urbaine. Ce désir d’invention est né, chez Lemdjad, lors de ses vacances au village auprès de sa grand-mère Celle-ci était une maîtresse femme; elle avait été la première personne de son sexe à posséder un porte-monnaie à une époque où la gent féminine enfouissait ses deniers dans un mouchoir aux multiples nœuds. Elle avait aussi été la première femme à arborer une montre à son poignet, une montre d’homme au bracelet en cuir noir. Quand la grand-mère s’asseyait derrière son métier à tisser, elle devenait une femme vraiment hors du commun. L’enfant qu’était Mahfoudh Lemdjad suivait, obnubilé, les mouvements des longues barres en bois qui se levaient …
Et ce sont ces gestes enchanteurs que Lemdjad se propose de faire renaître lorsqu’il s’aperçoit plus tard que le métier à tisser a disparu du village. cette vocation d’inventeur date aussi de son enfance au moment où il découvre à la fois les livres et l’inventivité des villageois, ce qui laisse entendre d’une autre manière que les pratiques culturelles anciennes et nouvelles ne s’excluent pas .et se date aussi par sa première fabrication d'une trottinette avec Alliouat et Khaled (ses petits campagnards)
Mahfoud y travaille fébrilement, jour et nuit, il prend plaisir à faire durer son