*Réformes économiques et obstacles politiques*
2763 mots
12 pages
L'Algérie est en train de réformer les entreprises dites publiques pour les rendre rentables depuis les années …1980, et le processus est encore en cours. Tous les observateurs de la scène algérienne (universitaires, journalistes, experts…) se demandent s'il y a une réelle volonté politique de réforme. Le discours sur la transition vers le marché est officiellement adopté, des lois dans ce sens ont été promulguées, mais sur le terrain, le même type d'entreprise publique déficitaire des années 1970 persiste. Il y a, d'un côté, l'impératif de fidéliser des clientèles, et de l'autre, la contrainte du déficit des entreprises pris en charge par le budget de l'Etat. La politique économique a oscillé, selon la conjoncture, entre le discours de la réforme et le laxisme consistant à laisser filer les déficits. Cette contradiction est à rechercher dans la nature néo-patrimoniale du régime et dans l'hostilité de l'élite aux lois du marché, ce qui explique la difficile naissance d'un champ économique autonome de l'administration. L'histoire de l'Algérie indépendante a commencé par un paradoxe dont elle paye aujourd'hui le prix. D'essence publique, l'Etat a été privatisé dès 1962, et l'activité marchande, d'essence privée, a été rendue publique. Il s'agit ici bien sûr du secteur économique de l'Etat qui, dans le projet Boumédiène-Abdessalam, devait absorber toutes les activités marchandes, de la grande entreprise sidérurgique à la petite boulangerie du quartier. Ce secteur, dont la vocation est d'être rentable pour reproduire les inputs qu'il consomme, est appelé "public" par abus de mots. Il génère des rentes qui grèvent le pouvoir des titulaires de revenus fixes qui constituent la majorité du public. Il peut exister un secteur public fonctionnant à perte mais il faut que la collectivité soit informée et qu'elle accepte les transferts - qui sont des sacrifices - dont il bénéficie. Autrement dit, un secteur économique public n'existe que si l'Etat est contrôlé par la