Rédiger une lettre d'amour (2nde générale)
Je vous revois encore partir, m'échapper, disparaître et ce, sans même vous retourner une dernière fois. Les yeux inondés de larmes, je vous regardais, point noir se confondant peu à peu avec l'horizon, sans avoir la force de courir pour vous retenir. Ô brûlure glacée qui incendie encore ma poitrine! Ce n'est qu'une fois votre silhouette disparue que, prise de panique, je réalisais que je ne vous reverrai plus et qu'immobile et muet, je vis mon corps s'animer. Je gravissais le long ruban gris de la route bordée d'arbres qui de toujours se regardent dans l'étang noir, surveillant leur croissance inverse, que j'espérais me mener jusqu'à vous. Ne recevant plus la lumière de votre soleil, je m'enfonçais, dérivant dans l'obscurité, submergée de désespoir, tandis que le ciel versait avec la neige fondue une froide humeur qui me pénétrait jusqu'aux os. Quelle que soit la légèreté pitoyable de vos raisons, la pensée de vous ne fait qu'occuper mon esprit du soir au matin et du matin au soir. Votre voix penchée à mon oreille me sussure sans cesse : "Je sens que je n'aimerai que vous." . Ces paroles venant de vous me jettent encore aujourd'hui dans un trouble extrême. Votre image obsédante brille aux feuillets de mes livres d'études et de musique si bien que Popper et Bridge ne me parlent plus que de vous. Cette image achève de me griser jusqu'à ce que votre dernière vision m'incline à une profonde mélancolie mais, indulgent à autrui comme à lui-même, mon maître de musique sourit avec bonté de mon trouble et de mes distractions. Mais ce n'est là qu'une vaine imagerie propre seulement à troubler mon esprit faible. La voix de mon instrument redouble bientôt de force et de fréquence. Mon bon maître, à qui les circonstances les plus communes inspirent souvent d'admirables maximes, se lève et dit avec onction et gravité : "Qu'importe la main qui heurte si rudement le boyau des cordes,seul importe le motif de ce désordre.". Depuis que vous avez