Rosmersholm
Commentaire composé p.398-404
Avec Rosmersholm, pièce de 1886, le théâtre d’Ibsen arrive à maturité. Comme dans un Ennemi du peuple ou le Canard sauvage, on y trouve le thème de l’individu dont les idéaux se trouvent sans cesse bousculés par la réalité sociale et les imperfections du monde. On y trouve également une progression dramatique qui mène au dévoilement de la vérité.
Dans Rosmersholm, le pasteur Rosmer, déçu dans sa vocation politique, va découvrir comment Rebekka l’a éloigné peu à peu de sa femme, Beate, au point de conduire celle-ci au suicide.
Le passage que nous étudions se situe au moment où Rebekka a decidé de quitter Rosmersholm, après s’être confiée à la gouvernante, Mme Helseth, et après avoir rédigé une lettre à l’attention de Rosmer. Mais celui-ci la surprend dans ses préparatifs, ce qui déclenche une longue explication entre les deux protagonistes. Dans cette longue scène, Rosmer et Rebekka se révèlent l’un à l’autre, et ces révélations vont les conduire à l’acte ultime, le suicide.
Le dénouement repose donc sur un coup de théâtre, dans la mesure où il substitue, au depart de Rebekka, le suicide inattendu des deux protagonistes.
On s’interrogera sur le sens à donner à ce dénouement : en quel sens peut-on le considérer comme tragique? Entre l’ombre inexplicable des chevaux blancs et la décision rationnelle de Rosmer et de Rebekka, que faut-il comprendre?
Ce dénouement peut sembler tragique par l’aspect brutal et définitif qu’il prend : la mort de Rosmer et de Rebekka met un point final à une intrigue qui mêle idéologie et sentiments. Cependant, il s’agirait d’un tragique ambivalent, résolument moderne, car véritablement construit et mis en scène par les protagonistes. Les personnages sont en construction et en action, psychologiquement mis à nu et en quête de verité, et c’est dans les replis de leurs âmes que se joue la tragédie. Enfin, certains éléments peuvent nous inviter à faire une lecture symbolique de cette