Religion
Dominique Miller : Choisir notre vie ? La psychanalyse le propose. Elle suggère de repérer les obstacles récurrents qui se dressent systématiquement devant nous à chaque fois que nous essayons d’être en accord avec nos désirs.
Robert Misrahi : « Résistances », « obstacles »… La psychanalyse part du principe que nous sommes malades ! Et si nous commencions par considérer un individu qui aille bien ? Un individu qui puisse se dire : « Si je ne veux pas le faire, je peux ne pas le faire » ? Je pense que nous sommes tout-puissants. Nous sommes totalement libres de choisir notre vie et d’accéder par là au bonheur.
Si nous pouvons choisir, alors pourquoi faisons-nous si souvent notre malheur ?
R.M. : Nous fabriquons souvent notre propre malheur en prenant de mauvaises décisions, dictées par ce que je nomme notre « conscience spontanée » : un état ignorant, déchiré, dans lequel des désirs primaires nous agitent et nous gouvernent. Ces désirs confus, aveugles, sont des désirs de possession, de pouvoir, de jouissance, qui ne tiennent absolument pas compte de la réalité du monde et ne peuvent pas être assouvis sans nuire à autrui ou à nous-même. Pour caricaturer, la « conscience spontanée », c’est un peu l’illusion du « je peux faire n’importe quoi ». Mais ce n’est pas l’inconscient, auquel je ne crois pas…
D.M. : Les « mauvais » choix que nous faisons sont généralement liés à un événement essentiel de notre histoire qui, souvent, se rencontre dans notre enfance. Cet événement obscur est parfois raconté, parfois tu; il peut être massif (la mort d’un être cher liée à notre naissance, la séparation de nos parents…), ou apparaître anodin (un accident vécu ou vu, une humiliation à l’école, une colère parentale, etc.). Il marque profondément sans qu’on le sache. Il fait tellement vérité pour nous qu’il pèse sur nos décisions dans les moments cruciaux de notre vie (choix amoureux, orientations