Rapport de brodeck
Dans un village dont on ne sait pas le nom, peu après la fin de la Seconde Guerre mondiale, un étranger nommé « l'anderer » (l'autre en allemand) arrive de nulle part; on ne sait d'ailleurs pas son nom. Très vite, il fait l'objet de soupçons, de critiques sur son apparence d' « intellectuel moqueur ».I l n'a pas les mêmes manières de se comporter et de s'exprimer...si bien que les habitants vont finir par se débarrasser de lui. Son meurtre a lieu dans l'auberge Schloss, un soir d'hiver. C'est dans ce cadre sanglant qu'intervient Brodeck, qui va être chargé d'écrire un rapport permettant de justifier la mort de l'anderer, et par là-même de donner une légitimité à la pulsion meurtrière des villageois. La rédaction de ce rapport va amener Brodeck, en même temps qu'il revient sur ces circonstances, à parler de lui. Ainsi commence une valse sans fin entre présent et passé, entre la vie de Brodeck et celle de l'anderer.
La vacuité du monde et de l'existence
La première phrase du livre, Je m'appelle Brodeck et je n'y suis pour rien, reflète la vacuité et surtout le hasard de la naissance et des événements qui constituent une vie. L'existence de Brodeck est en effet passée par un camp de concentration, auquel il fait de nombreuses références, lui-même réduit à un sous-homme, à un chien ou un laveur d'excréments.
La plume de Claudel va cependant attribuer à Brodeck une mission de porte-parole auprès des personnes qu'il rencontre pendant ou après son retour du camp. Ainsi Kelmar, son ami, lui dira avant de mourir sous les coups de matraques : « Tu penseras à moi quand tu reviendras dans ton pays, tu penseras à l'étudiant Kelmar. Et puis tu raconteras, tu diras tout. Tu diras le wagon, tu diras aussi ce matin, Brodeck, tu le diras pour moi, tu le diras pour tous les hommes... »
De plus, Brodeck, en écrivant tous les événements qui ont précédé le meurtre, est censé déculpabiliser les habitants et leur donner raison. Ils comptent sur lui pour