Fénelon écrit en 1718 une fable en prose, « Le pigeon puni de son inquiétude », contant les mésaventures d’un pigeon désireux de changer de vie. La Fontaine, fabuliste du XVII° siècle, met en scène deux cours d’eau dans « Le Torrent et la Rivière », incarnant deux personnalités opposées. Enfin Baudelaire, dans « Le joujou du pauvre », décrit la rencontre de deux enfants appartenant à des milieux différents.
Chaque texte peut être lu comme un apologue, bref récit mettant en scène des personnages opposés, par le biais duquel l’auteur fait passer un message.

Sur quelles oppositions reposent chacun des trois textes ?

Ces 3 apologues reposent sur une structure binaire et sur des oppositions qui donnent plus de relief au récit, et donc à la « leçon » qu’il véhicule.
Fénelon oppose deux types de vie : celle du bonheur paisible, menée au début par les deux pigeons (« les deux heureux pigeons » mènent une « vie délicieuse » dans une « douce société ») et celle de l’aventure et de ses dangers, que choisit le second pigeon, vie pleine de turbulences. Le vocabulaire mélioratif qualifie le premier type d’existence (« paix profonde ; onde pure ; prés fleuris ; fidèles compagnes »), opposé au vocabulaire du danger et de la mort (« flèche ; pauvre pigeon ; aile traînante ; ténèbres ; mort»). Dans la fable de La Fontaine, l’opposition porte sur les personnages : le Torrent, impétueux,menaçant, décris vers 1 à 10 (« fracas ; horreur ; trembler ; puissante ») s’oppose à la Rivière « paisible et tranquille ».Mais cette opposition se double d’un contraste interne : chaque personnage porte en lui une contradiction qu’on ne soupçonnait pas : le Torrent à l’allure effrayante est au fond inoffensif, tandis que la Rivière, « image d’un sommeil doux », est en réalité redoutable : il y a donc opposition entre l’être et le paraître. Enfin, Baudelaire oppose deux mondes, deux personnages, deux jouets :le monde des riches, avec un « vaste jardin », un « joli château », un enfant «