Question sur corpus : fenêtres ouvertes sur le monde
Nous vous fournissons ici des éléments de réponse. Il vous suffit de rédiger la réponse en apportant des précisions.
Certains objets, certains lieux, par leur potentiel poétique et leur valeur symbolique, inspirent les poètes de façon récurrente : l'horloge, le foyer, le port, la rose, l'oiseau… Les fenêtres font partie de ces éléments source d'inspiration poétique et ont inspiré Reverdy dans « Il reste toujours quelque chose », Eluard dans « Le front aux vitres » ou Guillevic dans « Regarder », mais aussi le chanteur Jacques Brel dans sa chanson « Les fenêtres ». Quelles ressources ces poètes trouvent-ils dans cet élément de la vie quotidienne ?
La fenêtre est l'observatoire depuis lequel le poète observe le monde extérieur, lui-même source d'inspiration privilégiée : Jacques Brel, depuis sa fenêtre, voit le défilé des passants et ce spectacle déclenche sous sa plume la mention, sous la forme d'une énumération, de situations variées. Guillevic « par la (même) fenêtre ouverte » contemple un paysage sans cesse renouvelé, guidé par le hasard, sans « dirige[r] » son « regard » : ce sont des « lignes/Des formes », c'est tantôt « un toit », tantôt « du ciel » ; la fenêtre offre à ses yeux et à sa plume « une masse de choses/Qui est là/Dehors » ; ce spectacle changeant sur lequel ouvre la fenêtre, le poète l'« accueill[e] » en soi pour en faire la matière de sa vision et de sa poésie.
La fenêtre est aussi un lieu de transition entre l'extérieur et l'intérieur, une frontière entre l'espace public, ouvert, spacieux et la sphère privée et intime, où s'épanouissent les sentiments les plus secrets et où l'attente de l'autre qui est ailleurs se fait de plus en plus sentir (chez Reverdy, « les murs
sont las d'attendre » ; Eluard est tout entier dans « l'attente »). Dans le poème de Reverdy, le « vent entre par la fenêtre », s'engouffre dans l'espace d'intimité qu'est « la maison » et permet aux « amants » « de s'entendre », même séparés.