Quel place pour l'afrique dans la mondialisation?
CROISSANCE DÉMOGRAPHIQUE ET CROISSANCE ÉCONOMIQUE EN COTE D'IVOIRE*
J. L. BOUTILLIER
Les trois principales caractéristiques de la croissance démographique en Côte d’ivoire sont : un taux d’accroissement naturel élevé, une immigration massive en provenance des états voisins, une augmentation de la population différenciée suivant les régions et suivant le milieu rural ou urbain. Tandis que les deux dernières sont spécifiques de la Côte d’ivoire, puisque principalement liées à sa croissance économique, la première de ces caractéristiques est valable pour la plupart des pays de l’ouest africain, et en est une donnée constante depuis le début du XX’ siècle : les structures socio-économiques impliquent principalement le non malthusianisme des sociétés ouest africaines ; la paix coloniale et les progrès de la situation sanitaire liée à une certaine médecine de masse (éradication de la maladie du sommeil notamment à partir de 1930) ont créé les conditions pour que ce non malthusianisme se traduise par des taux d’accroissement naturel élevés (1) de l’ordre de 1 % autour de 1920, de 1,5 % autour de 1940 et de 2,l % pour Ia période 1950-1965 : la population d’origine passant ainsi d’environ 1 600 000 habitants en 1920 à environ 2 000 000 en 1945 et à environ 3 000 000 en 1965 (2). L’immigration est un phénomène historiquement ancien pour la Côte d’ivoire : depuis longtemps par exemple, les Dioula originaires du Mandé, région appartenant aujourd’hui à la République du Mali, tiennent dans leurs mains une partie du commerce de détail et la presque totalité du commerce de la viande et du poisson séché. Pourtant cette population étrangère n’était encore que de quelques milliers dans les années 1920, originaires principalement du Mali et de la Guinée : les migrations n’ont pris de véritable importance qu’à partir du développement des cultures de cacao, de café et de banane dans les années qui ont suivi la deuxieme