"Qu'est-ce que l'homme ?" et la philosophie.
Il semble inutile de définir l'homme, car ceci constitue ce que l'on nomme à proprement parler une évidence, c'est-à-dire une connaissance qu'il n'est nul besoin de démontrer. Chacun semble à même de reconnaître un homme quand il le voit.
Pourtant quelques cas limites peuvent nous inciter à nuancer notre propos, et à montrer que la définition de l'humanité de l'homme, n'est pas si simple que cela.
En cherchant l'humanité de l'homme, nous cherchons à établir ce qui en constitue la notion spécifique1, c'est-à-dire ce qui permet de regrouper tous les individus au sein d'un même groupe, qui lui-même se distingue d'autres groupes, comme celui des poissons rouges, ou des algues.
L'enjeu moral
Dire ce qu'il y a de commun aux hommes semble aujourd'hui évident, mais cela n'a pas toujours été le cas ! L'histoire nous apprend en effet que cette définition a lourdement pesé dans les disputes philosophiques, en raison de ses implications morales.
En effet, donner une définition de l'homme nous autorise à traiter différemment, sans humanité, ce que nous désignons comme non-humain. En un sens nous dirons avec Spinoza (1632-1677) que « définir, c'est nier », car définir, c'est exclure d'un ensemble commun ce qui n'y appartient pas. Cette exclusion peut-être purement théorique : les neutrons ne sont pas des protons, quoique tous deux fassent partie du noyau. Mais cela n'est jamais sans considérations morales : les hommes ne sont pas des animaux comme les autres, ce pourquoi ils ne se mangent pas entre eux, alors qu'ils mangent les autres animaux. La définition de l'homme n'est donc pas neutre.
Une question historique
L'époque des "grandes découvertes", par exemple la connaissance du nouveau monde a conduit savants et théologiens à se poser la question de l'humanité des indiens. Parce que ces derniers semblaient avoir des comportements forts distincts, il s'agissait de se demander s'ils avaient une âme de la même