Proust - La fin de la jalousie
1019 mots
5 pages
Dans cette nouvelle des plaisirs et des jours, Marcel Proust raconte comment un homme entiché d’une maîtresse nouvelle, pensant déjà qu’il va s’en lasser comme il s’est déjà lassé des précédentes, apprend d’un ami qui ignore cette liaison que cette femme si respectable est en réalité légère, facile à avoir. Vous pouvez devinez la suite : le héros ne va plus lâcher sa maîtresse, amoureux, dévoré de jalousie, ce qui pour Proust semble être la même chose, l’accompagnant partout, la soupçonnant toujours. La jalousie ne le lâchera qu’au moment de sa mort. C’est un peu différent d’un amour de Swann: Swann n’aimant plus Odette, cette femme qui n’est pas son genre, au moment ou elle devient sa femme. Différent aussi de l’amour du narrateur de la Recherche pour Albertine qui est soupçonnée de lesbianisme et qui réussit à s’enfuir, y trouvant la mort. Ici, l'amour semble durer toujours puisque la jalousie est sans fin, que rien ne vient rassurer ou libérer le héros. Pourtant, c’est exactement le même thème, seuls les motifs et l’ampleur diffèrent. Le masochisme de Proust semble intimement lier l’amour éprouvé pour un être aux souffrances que cet être cause. Mais la forme de la nouvelle est plaisante : tout Proust y est dans une forme plus concise, plus ramassée qui plaira à certains. Une forme concise qui n’exclut pas les nuances, les raffinements psychologiques. Et la langue est là , belle, précise et délicate déjà proustienne. Pour le plaisir de lire quelques descriptions, il faudra se reporter à d’autres passages de l’ouvrage où on retrouvera d’autres thèmes présents dans la Recherche. Il ne faudrait pas pour autant penser à une simple œuvre de jeunesse qui ferait office de brouillon ou de répétition : l’ensemble est disparate, mais chaque partie se suffit à elle-même et témoigne de la maturité de l’auteur. Ce serait dommage de passer à coté des Plaisirs et de jours comme je l’ai trop longtemps fait sous prétexte que tout Proust est dans la Recherche.
Nous