Presles
La production du besoin de reconnaissance et d' écoute est commune à tous les reality shows. Elle est le fondement de la notion de télévision communicationnelle, qui exprime le désir de la télévision de traiter de problèmes mal gérés par les institutions et de s' imposer comme " entreprise de services relationnels " ( Ehrenberg, 1993 ). Les liens sociaux sont distendus, la solitude hante les villes. La télévision prétend y remédier. Elle recourt pour celà à des " professionnels de l' écoute " ( Jacques Pradel ), et permet aux gens de s'exprimer sur leurs difficultés. Ceux-ci souffrent d' un manque de reconnaissance et d' accès à la parole. La télévision n' est plus une " fenêtre sur le monde " mais un miroir. Nous pouvons tous être les héros d' un soir, celui que des milliers d' inconnus vont écouter. De l' autre côté de l' écran, le récepteur a changé aussi d' attitude : il ne désire plus s' informer de façon générale mais sur sa propre vie. Les personnes ne veulent plus rêver au travers des stars mais comprendre leur vie. Les reality shows s' inscrivent alors comme un moyen pour renouer le lien social brisé et la communication interrompue. Grâce à eux, nous pouvons nous exprimer et nous identifier. Celà permet de se rassurer à un double point de vue : il y a des problèmes pire que les notres et nous pouvons les résoudre si le quidam l' a pû. L' émission de Jacques Pradel s' inscrit dans ce mouvement de compassion audiovisuelle. Afin de produire ce besoin de compréhension dans le contexte judiciaire, l' émission tend avant tout à donner une image négative de la société actuelle pour mieux apparaître comme un réconfort face à l' atrocité de notre quotidien. 1. La dramatisation du réel
" Le public en demande plus dans le domaine de l' humain " déclarait Patrick Meney, co-présentateur et co-producteur de l' émission avec Jacques Pradel ( annexe n°2 ). La formulation en soi est parlante car elle donne la sensation