pragmatique
Deux articles de C. Kerbrat-Orecchioni extraits de P. Charaudeau et D. Maingueneau :
Dictionnaire d’analyse du discours, Paris, Seuil, 2002.
Voir aussi de C. K-O : Les actes de langage dans le discours, Paris, Nathan, 2001.
ACTE DE LANGAGE
Que l’on puisse agir par le moyen du langage : l’idée n’est pas nouvelle. Mais c’est seulement dans la deuxième moitié de ce siècle que s’est édifiée sur cette base, dans le champ de la philosophie analytique anglo-saxonne, une véritable théorie pragmatique* du langage : la théorie des speech acts.
La théorie des speech acts
On admet généralement que la publication en 1962 de l’ouvrage de J.L. Austin How to do things with words (ouvrage regroupant les douze conférences prononcées en 1955 par le philosophe anglais à l’Université de Harvard) constitue le véritable acte de naissance de cette théorie. Traduit en français par Quand dire c’est faire (1970), le titre de l’ouvrage énonce clairement l’hypothèse de départ : «dire», c’est sans doute transmettre à autrui certaines informations sur l’objet dont on parle, mais c’est aussi «faire», c’est-à-dire tenter d’agir sur son interlocuteur, voire sur le monde environnant. Au lieu d’opposer comme on le fait souvent la parole à l’action, il convient de considérer que la parole elle-même est une forme et un moyen d’action.
À la source de la théorie austinienne, il y a la découverte de l’existence d’un type particulier d’énoncés, les énoncés performatifs*, qui ont la propriété de pouvoir dans certaines conditions accomplir l’acte qu’ils dénomment, c’est-à-dire de «faire» quelque chose du seul fait de le «dire» : énoncer «Je te promets de venir», c’est ipso facto accomplir un acte, celui de promettre.
Mais on peut aussi promettre par d’autres moyens, par exemple en disant tout simplement «Je viendrai». À côté des performatifs explicites, Austin en vient alors à reconnaître l’existence de performatifs implicites (ou