Pour bien aimer, il ne faut rien penser
Comme moi, vous trouvez probablement cette phrase fascinante. Fascinante parce que d’emblée, elle nous place face à un horrible dilemme : renoncer à l’amour, la sève de notre vie, ou renoncer à la pensée, la justification de notre condition d’hommes. Je n’ai pas pu résister à la tentation d’essayer d’y voir un peu plus clair. Mais pour arriver à quoi ? A résoudre l’affreux dilemme ? Plus que probablement, non. Alors ? Mais pour connaître l’étendue de mon malheur, et du vôtre. Pour tenter de comprendre, comprendre comment on peut s’enfermer dans ce piège. D’abord, il est significatif que la proposition parle de bien aimer. L’adverbe est lourd de sous-entendus. Il ne s’agit pas d’aimer superficiellement. On aime les filles… les filles, toutes et aucune. On aime la beauté, le charme, la grâce… On aime des corps… Ce n’est pas l’amour, le vrai. Et c’est avec mes dix-sept ans d’existence que je vais non seulement vous expliquer ce que signifie « aimer », mais en plus, comment faire pour « bien aimer ». Mais écoutez plutôt. Nous allons envisager une relation d’amour (et j’emploie l’expression « d’amour » et non pas « amoureuse », parce ce n’est pas la même chose). Cette relation sera idéale et complète, c'est-à-dire du coup de foudre, à la séparation (car il semble bien que cela doive arriver un jour, d’une façon ou d’une autre). Eh non, le mariage n’y est pas inclus, allez savoir pourquoi… Et en tant que sujet pour cette expérience d’amour, je vais prendre un exemple concret : vous. Nous allons imaginer que vous tombez amoureux, et vous allez vous placer dans les situations que je vais décrire. (Si vous l’êtes déjà, cela n’empêche pas. Un peu d’imagination, que diable !) Le coup de foudre, auquel beaucoup ne croient malheureusement plus, est le début de l’amour. Il se réalise sans l’accord du cerveau. Le cerveau qui prétendait vouloir tout diriger, se retrouve maintenant bien impuissant. Car cet