Politique etrangere
Béatrice POULIGNY
L'humanitaire non gouvernemental face à la guerre
Laide humanitaire d'urgence est à un tournant de son histoire. Une réflexion a commencé au sein de nombreuses organisations non gouvernementales (ONG), afin de surmonter les contradictions et les dérives qui accompagnent leurs opéra tions sur les terrains de guerre : victimisation trompeuse de populations locales, détournement ou instrumentalisation de l'aide par des belligérants — ou des puissances extérieures. Par ailleurs, l'engagement humanitaire est souvent de plus en plus sélectif, voire discriminatoire, pour tenir compte non seulement des préférences politiques des gouvernements, qui jugent bon d'intervenir ici plutôt que là, mais aussi des préférences médiatiques, dont les effets sont pour le moins ambivalents. Enfin, nombre d'ONG se trouvent placées, sur le terrain, dans la position d'agents des diplomaties occidentales, entraînant parfois une utilisation abusive du « label » humanitaire. Cette réflexion, urgente, pourrait utilement déboucher sur une redéfinition du contenu politique, économique et éthique de l'intervention humanitaire. Politique étrangère
Depuis une quinzaine d'années, l'humanitaire non-gouverne mental d'urgence est au centre des débats sur la guerre. Avec quelque 10 milliards de dollars dépensés en moyenne chaque année1, l'aide humanitaire d'urgence constitue l'un des rares secteurs dans le domaine de l'aide internationale qui ait connu une expansion aussi forte : les chiffres ont été multipliés par six en dix ans. Cette crois sance est particulièrement importante pour l'Union européenne, dont le programme ECHO (European Community Humanitarian Office)
Béatrice Pouligny est chercheuse au Centre d'études et de recherches internationales (CERI). Une version préliminaire de ce texte a été présentée lors du colloque international « La guerre entre le local et le global : sociétés, Etats, systèmes », CERI, Paris, 29-30 mai 2000, et