Poeme maux d'amour
Charles d’Orléans, Ma seule amour (1394-1465)
Recueil : Rondeaux
Ma seule amour, ma joie et ma Maîtresse, Puisqu'il me faut loin de vous demeurer,
Je n'ai plus rien, à me réconforter,
Qu'un souvenir pour retenir liesse.
En allégeant par Espoir ma détresse,
Me conviendra le temps ainsi passé,
Ma seule amour, ma joie et ma Maîtresse, Puisqu'il me faut loin de vous demeurer.
Car mon cœur las, bien garni de tristesse,
S'en est voulu avecques vous aller,
Et ne pourrai jamais le recouvrer
Jusques verrai votre belle jeunesse,
Ma seule amour, ma joie et ma Maîtresse.
Clément Marot, De l'amoureux ardant (1497-1544)
Recueil : L'Adolescence clémentine
Au feu qui mon cœur a choisi
Jetez-y, ma seule Déesse,
De l'eau de grâce et de liesse,
Car il est consumé quasi.
Amour l'a de si près saisi,
Que force est qu'il crie sans cesse
Au feu.
Si par vous en est dessaisi,
Amour lui doit plus grand détresse
Si jamais sert autre maîtresse;
Doncques, ma dame, courez-y
Au feu.
Nicolas Gilbert, L'Amant désespéré. (1750-1780)
Forêts solitaires et sombres,
Je viens, dévoré de douleurs,
Sous vos majestueuses ombres,
Du repos qui me fuit respirer les douceurs.
Recherchez, vains mortels, le tumulte des villes ;
Ce qui charme vos yeux aux miens est en horreur :
Ce silence imposant, ces lugubres asiles,
Voilà ce qui peut plaire au trouble de mon cœur.
Arbres, répondez-moi !... Cachez-vous ma Sylvie ?
Sylvie, ô ma Sylvie !... Elle ne m'entend pas.
Tyrans de ces forêts, me l'auriez-vous ravie ?
Hélas ! je cherche en vain la trace de ses pas.
Alphonse ALLAIS, Complainte amoureuse (1854-1905)
Oui dès l'instant que je vous vis
Beauté féroce, vous me plûtes
De l'amour qu'en vos yeux je pris
Sur-le-champ vous vous aperçûtes
Ah ! Fallait-il que je vous visse
Fallait-il que vous me plussiez
Qu'ingénument je vous le disse
Qu'avec orgueil vous vous tussiez
Fallait-il que je vous aimasse
Que vous me désespérassiez
Et qu'enfin je