Feydeau
Mongicourt, indiquant le pouf en blanc renversé par terre. - Ah ! là là ! Qu’est-ce que c’est que ce pouf ! Pas élégant !
Etienne, relevant le pouf et le couvrant du tapis de table qui gît près de là. - Oh ! c’est provisoire !Madame est en train de faire une tapisserie pour. Alors, en attendant, on met ce tapis dessus. (D’un geste circulaire, indiquant tous les meubles en désordre.) Non,mais, regardez-moi tout ça !
Mongicourt, retirant le restant de chapeau du pied de la chaise. - Ah !... et ça !
Etienne, prenant le chapeau des mains de Mongicourt. - Oh !... Un chapeau neuf, monsieur !
Mongicourt. - On ne le dirait pas !
Etienne, remettant la chaise sur ses pieds. - Vraiment,moi qui ai la mise-bas de monsieur ! si c’est comme ça qu’il arrange mes futures affaires !...
Tout en parlant, il est allé déposer le chapeau sur la table-bureau.
Mongicourt. - C’est pas tout ça ! Je voudrais bien voir votre maître ; il me semble que ce ne serait pas du luxe de le réveiller à cette heure-ci.
Etienne, tout en refermant le parapluie qui est grand ouvert sur la table. -Dame, si monsieur en prend la responsabilité !
Mongicourt, il remonte dans la direction de la baie. - Je la prends.
Etienne, remontant rejoindreMongicourt à la baie. - Soit !...Mais alors, avec des bruits normaux.
Mongicourt, blagueur. - Qu’est-ce que vous entendez par des bruits normaux ?
Etienne. - C’est monsieur qui les appelle comme ça. C’est, par exemple, de ne pas aller lui tirer un coup de canon dans les oreilles.
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Mongicourt, même jeu. - Je vous assure que je n’ai pas l’intention !...
Etienne. - Mais, au contraire, de le réveiller petit à petit ; par des bruits doux et progressifs, en chantonnant, par exemple !... Nous pourrions chantonner, monsieur
?
Mongicourt, bon enfant. - Si vous voulez.
Etienne. - D’abord doucement ; et puis en augmentant.
Mongicourt, blagueur. - Il n’y a pas un air spécial ?