Pline le jeune
C. Pline écrit à son cher Tacite
1. Tu me demandes de t'écrire la mort de mon oncle, afin que tu puisses la transmettre avec plus de vérité à tes descendants. Je t'en remercie, car je vois que sa gloire immortelle serait exposée par sa mort, si tu la faisais connaître.
2. Quoiqu'en effet il soit mort par l'anéantissement de la plus belle terre du monde, au même titre que des peuples et des villes, par un événement mémorable, puisqu'il nous vaincra toujours; quoique lui-même ait écrit des œuvres nombreuses et durables, l'éternité de tes écrits ajoutera cependant beaucoup à sa pérennité.
3. Quant à moi, je pense que sont heureux les gens à qui il a été donné par la faveur des dieux soit de faire des choses à écrire soit d'écrire des choses à lire, et que sont les plus heureux les gens à qui ces deux facultés ont été données. Mon oncle, de par ses propres livres et les tiens, sera au nombre de ces derniers. Et pour cette raison, j'accepte plus volontiers, je réclame même l'ordre que tu me donnes.
4. Il était à Misène et dirigeait lui-même la flotte. Le neuvième jour avant les calendes de septembre [le 24 août 79 après Jésus-Christ], ma mère me montre vers la septième heure [environ 13 heures] qu'il lui apparaît un nuage d'une grandeur et d'un aspect inhabituels.
5. Après son bain de soleil, après s'être rafraîchi, il avait pris une collation, allongé, et étudiait. Il réclame ses sandales, monte jusqu'au lieu d'où il pouvait observer au mieux ce phénomène. Un nuage montait (pour ceux qui l'observaient de loin, il était incertain de quelle montagne il venait; on sut par la suite qu'il provenait du Vésuve); et aucun autre arbre que le pin n'y ressemblait davantage à son image et à son aspect.
6. En effet, en s'élevant sous la forme d'un tronc très long, il s'élargissait dans les airs en rameaux, je crois, parce que, une fois emporté par un vent nouveau, ensuite abandonné par le vent qui s'affaiblissait, ou même vaincu par son propre poids, le nuage