Pierre Corneille est né à Rouen le 6 juin 1606, dans une famille de magistrats. Après avoir étudié chez les Jésuites de Rouen, reçu avocat au Parlement de Normandie où il exerça peu de temps avec un médiocre succès. L'amour, dit-on, le rendit poète. Il se consacra très vite au théâtre. Mélite (1629), sa première création, fut confiée aux acteurs qui fonderont plus tard le théâtre du Marais et rencontra à Paris un succès suffisant pour décider son auteur à embrasser la carrière dramatique. Ses premières pièces furent des comédies, le genre, jugé secondaire, était alors en crise, et il contribua beaucoup à le réhabiliter. Il en écrivit six entre 1629 et 1636 (dont la Veuve en 1632 et l'Illusion comique en 1636). C'est à la même époque qu'il donna la tragi-comédie Clitandre (1631), ainsi que Médée (1635), sa première tragédie. Il revint plus tard à la comédie, notamment avec le Menteur (1643). Le triomphe du Cid (1637) fit date dans la carrière de Corneille: alors que le succès public le consacrait avec éclat dans son métier de dramaturge, il du affronter «la querelle du Cid», une polémique qui donna lieu à un vif débat. Ses ennemis lui reprochèrent de n'avoir pas respecté tout ce qui constitue l'idéal classique au théâtre, notamment les règles de la vraisemblance et de la bienséance, celle des trois unités, ainsi que celle qui préconise la séparation distincte des tons et des genres. Pour ses autres tragédies: Horace (1640), Cinna (1641), Polyeucte (1642) et Rodogune (1644), Corneille se montra davantage soucieux du respect des règles du théâtre classique. Durant ces années, il connut une carrière brillante, que vint couronner son élection à l'Académie française en 1647 (voir Institut de France). Adulé par le public, reconnu par ses pairs, pensionné par le pouvoir, Corneille fut également nommé procureur des États de Normandie. En 1651, la pièce Nicomède qui connut un succès fracassant lui valut la disgrâce, car elle apparut comme un éloge à peine voilé du