Phèdre
D'entrée, Phèdre culpabilise Hippolyte : « Ah, cruel !» (v. 670). Elle exprime clairement au vers suivant qu'elle sait qu'Hippolyte a bien compris. Elle ne se maîtrise plus du tout « Eh bien ! connais donc Phèdre et toute sa fureur. » (v. 672). Puis nous retrouvons le complexe de sa dualité : elle se sent victime et en même temps coupable (v. 673-674). Prise dans son discours, elle en profite pour rappeler toutes ses vaines actions pour se libérer de cet amour (v. 675-676) ainsi que l'origine divine de son sort fatal, comme de celui de sa famille « Les dieux [...] ont allumé le feu fatal à tout mon sang » (v. 677-682) ; mais aussi, dans les mêmes vers, la haine qu'elle se porte.
Vient ensuite le dangereux parallèle entre l'amour et la haine, lorsqu'elle demande à Hippolyte de se souvenir de l'inhumanité qu'elle a manifestée envers lui et de sa volonté de le chasser : tout ce paradoxe compliqué est magnifiquement résumé dans l'asyndète de vers 688 : « Tu me haïssais plus, je ne t'aimais pas moins. »
Le vers 690 nous réserve un joli parallélisme qui accentue la souffrance qu'a vécu et que vit encore Phèdre: on peut le prendre dans les deux sens. Juste avant de se ressaisir « Que dis-je ? » (v. 693), Phèdre se plaint de sa solitude, ou plutôt du manque d'attention que manifeste Hippolyte à son égard (v. 691-692). Mais la volonté impuissante de l'héroïne ne peut rien contre ce besoin d'aveu, la souffrance du secret est vraiment trop grande (v. 694-695).
Phèdre semble revenir à la réalité présente, puisque qu'elle revient à son premier projet, qui était de protéger son fils contre la haine supposée d'Hippolyte (v. 695-697) et elle se rend compte à quel point elle s'est laissée emportée par son destin (v. 698). Phèdre arrive ici à un tel stade de désespoir, de folie ou peut-être de lucidité qu'elle en demande son châtiment ; le destin ne laisse plus d'espoir que celui de mourir (v. 699-701).
Au vers 702, Phèdre nous semble lancer cette exclamation