Je me souviens de cette journée comme si c'était hier.
Ma grand-mère s'était levée aux aurores, afin de nettoyer la maison de fond en comble avant de partir, préparer le pique-nique et s'occuper de mon vieil oncle handicapé. Oui car il allait rester seul toute la journée, voir même jusqu'au lendemain, étant donné que grand-mère et moi partions dans le sud du pays. Il était à peine six heures du matin lorsqu'elle me réveilla de force, avec comme seul argument que l'autocar allait partir sans nous ; elle me menaçait de ne pas me donner à manger de la journée si je ne me levais pas.
D'après ce que j'avais compris, c'était une sortie entre personnes âgées du quartier où j'habitais uniquement. Ma grand-mère ainsi que d'autres avaient économisé pendant longtemps en faisant du pain maison, gâteaux ou plats et en les revendant. Tout l'argent était versé à l'église du quartier, j'ai toujours pensé que grand-mère était bien trop naïve..
Donc, l'argent collecté avait été utilisé pour organiser ce " voyage religieux ", dans lequel j'étais le seul enfant. Je maudissais ma famille de toujours m'obliger à pratiquer une religion à laquelle je n'arrivais pas à m'attacher, mais c'était dans la tradition, et je n'avais d'autre choix que de m'y plier. D'autant plus que je n'avais que six ans, et je vivais avec ma grand-mère, pour laquelle j'ai toujours eu un immense respect et par conséquent, je ne la contrariais jamais, ou presque. Donc ce matin là, je me suis réveillée de mauvaise humeur, je n'avais aucune envie d'aller à Fatima, une ville religieuse très connue et visitée au Portugal. A mon jeune âge, je devais déjà y être allée une dizaine de fois. Dans le bus, il n'y avait plus aucune place pour moi, tous les sièges étaient déjà réservés, et ma grand-mère qui avait insisté pour que je vienne m'avait mis dans une position délicate. Je n'osais demander à personne un peu de place, je ne pouvais pas m'asseoir à côté du conducteur non plus, j'ai donc été obligée de me coucher