Philosophie du langage.
D'une façon générale, il y a deux approches possibles du problème de la signification, qui ne sont pas nécessairement incompatibles 1: soit on part de la fonction expressive du langage, c'est-à-dire du rapport des mots aux idées qu'ils sont censés communiquer ; soit on part plutôt de la fonction de représentation du langage, c'est-à-dire du rapport des mots aux choses, ou encore au réel. L'approche expressive est celle de Hobbes, qui affirme ainsi que « l'usage général de la parole est de transformer notre discours mental en discours verbal et l'enchaînement de nos pensées en un enchaînement de mots » (Léviathan, I, 4 1). Cette théorie classique du langage repose sur une théorie des signes et des idées. Or, la théorie classique du signe distingue entre « signes naturels » (la fumée est le signe du feu) et « signes conventionnels » (le mot « chien » est le signe du chien) 1. Comme l'indique la Logique de Port-Royal, le signe renvoie toujours à ce qui est représenté 2 ; mais la même chose peut être chose et signe 2. Quant aux idées, celles-ci peuvent, dans la philosophie classique, faire référence aux images mentales, aux pensées, mais aussi aux sensations 1. Les idées sont ainsi tout ce qui peuple notre esprit, indépendamment du monde réel. Or, si les mots peuvent renvoyer au monde, c'est parce que, selon ce paradigme de la représentation, ce sont les signes des idées, qui sont elles-mêmes les images des choses 1. Cela pose toutefois un problème, soulevé par Berkeley: comment une image, particulière, peut-elle véhiculer un terme abstrait ou des termes syncatégorématiques 1? Au XXe siècle, l'approche expressive a été reprise par Jerry Fodor et Paul Grice. Fodor, l'un des principaux défenseurs du computationnalisme, un courant majeur des années 1980 qui a popularisé l'analogie entre l'esprit et l'ordinateur, défend ainsi l'idée d'un « langage de la pensée », le « mentalais » (mentalese), qui fonctionnerait à l'aide d'opérateurs