Philo

1083 mots 5 pages
Avec les termes hérédité et père, Alain s'attaque maintenant à la thèse, qui, en insistant sur le poids du passé, identifie le surmoi, cette instance qui surveille le moi, avec l'intériorisation des interdits lancés par le père: ce sont paroles de fantômes: fantôme désigne l'apparition d'une personne morte, une simple apparence sans réalité et bien incapable d'agir sur ceux qui ont un corps. Le passé n'est plus et ne saurait agir que par l'importance que nous lui donnons.
Alain revient maintenant à l'enfant. L'enfant est tout neuf. Il est sincérité ce qui signifie qu'il n'est pas de mauvaise foi et qu'il ne songe pas à invoquer l'inconscient comme une excuse.
La vertu de l'enfance c'est le recommencement: il a à faire son propre chemin là où l'ancêtre avait fait le sien. Ainsi la vie humaine, à chaque génération s'ouvre comme un champ où il n'y a pas de sentier tracé. La vie humaine est une région sans sentier. Alors on ne répète pas sous le regard de l'ancien, on recommence. L'hérédité est donc le type, ce qui reflète le mieux le vide d'une idée creuse, une idée fantôme de l'imagination à quoi ne correspond rien dans la réalité. On peut donc se dépouiller de cette prétendue vie qui serait tracée d'avance, car on sait bien que les caractères acquis par ceux qui nous ont engendrés n'étaient pas transmissibles, heureusement.
La référence à Descartes s'imposait, à lui qui, à l'encontre de l'argument d'autorité, a voulu tout recommencer, rebâtir la philosophie, la science, à partir de la certitude de son moi: je suis, j'existe. En partant de ce fondement, Descartes n'a fait que suivre le bon sens: il a renoncé à ce jeu dangereux de l'adulte qui se prend pour un enfant ou un adolescent, un être surveillé et qui frise ainsi la démence. Jeu dangereux, s'il en est, parce que, en renonçant à faire ce que je veux, je renonce à une vie humaine. C'est une folie au sens où le dément ne distingue plus l'imaginaire de la réalité. Il s'agit de renvoyer la tradition et

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