Philo pourrait-on penser sans l'aide du langage?
Si nous voulions définir communément ce qu’est le langage, probablement dirions-nous qu’il est un véhicule des pensées, des émotions. Ainsi, nous insisterions sur sa dimension de moyen c'est à dire que c'est une faculté de parler ou d'utiliser une langue. De plus tout système de signes, tout système signifiant, toute communication par signes (verbaux ou non verbaux). Le langage désigne aussi la totalité des langues humaines. Quelle que soit la fonction qu’on assigne au langage, on assume qu’il est postérieur aux pensées et émotions dont il est l’expression. Une telle conception n’est pas simplement une opinion; elle a été très largement partagée par les philosophes et savants de tout temps. Mais ceux-ci n’en reconnaissent pas moins les pouvoirs du langage (et pour certains de l’écriture): le langage est ce qui permet d’organiser les pensées, d’avoir des idées générales, de procéder à l’abstraction, de classer les choses ou encore de persuader, d’agir sur les autres, etc. Certes, on est dans le droit de penser que le langage est imparfait, qu’il ne permet pas à la pensée de parfaitement se déployer, ou pire encore, qu’il la fige. Mais ce que l’on espère alors ce n’est non pas de trouver un substitut au langage mais de pouvoir réformer celui-ci, le transforme; par là même devrait pouvoir être déduit ceci que le langage est une condition de la pensée. Penser désigne le fait d'exercer une activité proprement intellectuelle ou rationnelle; juger; exercer son esprit sur la matière de la connaissance; unir des représentations dans une conscience. Mais ne peut-on pas être alors conduit à dire que la pensée s’identifie au langage voire que le langage précède la pensée et la détermine, que celle-ci n’est que l’expression des possibilités du langage? Et n’en va-t-il pas de même pour les autres dimensions de l’existence humaine et notamment la culture? On vient à se demander: Pourrait-on penser sans l'aide du langage?
Les