Philo la vérité
La démonstration, quant à elle, s'entend stricto sensu comme le fait de déduire la vérité d'une conclusion à partir de prémisses supposées ou reconnues comme vraies. L'une des difficultés du sujet tient au flou intégral du "quelque chose".
Le problème soulevé par le sujet devrait paraître évident à des élèves scientifiques. Si l'expérience, en effet, ne peut rien "démontrer", alors les sciences expérimentales - à commencer par la physique - ne sont pas des "sciences exactes".
Une première partie pouvait montrer que, même si l'expérience peut "enseigner" quelque chose, la démonstration s'exerce essentiellement (pour ne pas dire exclusivement) dans le discours : elle relève de la logique, non de l'empirique. Les "preuves matérielles" qu'apporte l'expérience constituent sans doute des indices sérieux pour établir une théorie générale, mais ce raisonnement ne constitue pas à proprement parler une démonstration parce que le passage d'un nombre fini d'expériences à une théorie générale reste forcément tributaire d'une induction peu sûre (ainsi que le montre Russell). Il est peut-être vrai que j'ai vu un corbeau n°1 noir, et un corbeau n°2 noir, etc. jusqu'au nième corbeau ; mais de cela, je ne puis tirer que la conclusion "tous les corbeaux sont noirs" est une proposition vraie. En toute rigueur terminologique, une expérience, même répétée un très grand nombre de fois, ne peut jamais rien démontrer : tout au plus peut-elle montrer (mettre en évidence) quelque chose. Cette distinction entre "montrer" et "démontrer" méritait sans doute des développements plus précis.
Pourtant, une définition élargie de la "démonstration" pouvait redonner un rôle déterminant à l'expérience. Il suffit d'ajouter "ou la fausseté" entre "la vérité" et "d'une conclusion" dans la définition proposée ci-dessus. Dans le processus scientifique, si une expérimentation "rate", elle prouve (en principe) la fausseté de l'hypothèse qui justifiait