Personnages chez oscar wilde
4817 mots
20 pages
Ca commence toujours anodinement, comme ça, par un désinvolte « pourquoi pas », lancé trop vite entre deux routes qui se séparent et qui pressent de répondre ; et ça finit inévitablement quelques jours plus tard, par une main plongée dans ma chevelure emmêlée, la moue incrédule et la phrase de circonstance « mais qu’est-ce que je fous là ?! ». On ne perçoit jamais sa propre démesure avant d’en avoir été victime. On se dit que c’était pourtant facile de refuser, d’invoquer quelconques retenues ou autres obligations, mais non, on y est, là, au milieu des drames et des comédies, avec comme seule consolation l’évocation de l’hypothétique sortie de secours (Existe-elle?). Et voici LE moment où le regret, la souffrance du présent et l’appel de l’avenir se rejoignent. Ici, sous ces lames grises que je ne peux dompter, condamner à m’incarner pour ne pas disparaître. « Bientôt tout sera fini » (Je le répète inlassablement pour me convaincre). Je n’entendrais plus aucun tumulte autour de moi, je n’aurais plus à souffrir de l’infamie. Il y a aura quelques voix encore, mais recourbées, douces, retenues… Je marcherais sous les vapeurs de l’aube, porté par ces soudaines impulsions de vie, au milieu des murmures de la Nature et je lui rapporterais mon ultime aveux: Eveillé, rester éveillé… rien que pour voir… pour contempler… pour pleurer, en silence… dans la solitude… Et puis manquer de s’étouffer…par amour du Tout. Prendre ce Tout, jusqu’à ne plus en pouvoir…jusqu’à en succomber… s’effondrer… éparpillé, dispersé… puis retrouver l’élan… y croire à nouveau… »
« Oh l’gadjo, t’accouches ? On va pas y passer la nuit ! Tu t’es cru à la playa ou quoi ? Hiro, bordel de merde, j’te cause !! Magnes toi l’dèrche! ».
Le réel. La plonge. Le malaise. Je lâche l’assiette qui se pulvérise au sol. Je ressens soudainement une douleur. De l’eau brûlante coule sur mes mains. Depuis combien de temps ? A la vue de la vaisselle en miette, le patron lève la main furieux, m’insultant en arabe. Je