L'art de Paul Klee dépasse les concepts de « l'abstrait » et de « l'objectif » en ce sens qu'il les englobe tous les deux. Ce qui apparait clairement dans les images de Paul Klee qui sont manifestement liées avec les grandes découvertes visuelles de l'artiste c'est une pénétration aussi subtile des développements formels abstraits, avec les définitions les plus précises de la réalité. Toujours après ces voyages, sont nés des séries de tableau qui reflètent les expériences des paysages contemplés. C'est ainsi que pendant plusieurs années, on retrouve les échos de l'expédition de Paul Klee en Tunisie, au printemps 1914, au cours de laquelle, il eut la révélation de la couleur. Ce sont des taches brillantes et ordonnées selon les structures abstraites, dans lesquelles sont insérés des formes, des signes graphiques, qui, avec les tons puissants des coloris, éveillent en nous les souvenirs d'une réalité objective : souvenirs de la mer et du désert, silhouettes de végétation tropicale, maisons, jardins, coupoles. Des paysages entiers émergent de ces feuillets en apparence abstraits.
Ce vaste tableau n'est certes pas un panorama tunisien que l'on peut reconnaître ou copier, mais un pays émergeant des souvenirs et des rêves de Paul Klee. C'est sa réponse, l'équivalent pictural de sa stupeur émerveillée devant l'éclosion de la beauté du monde. en 1929, Paul Klee s'offre à nouveau à l'occasion de son cinquantième anniversaire, un voyage en Egypte, et toute une série de tableau témoigne encore de cette expérience.
A cette série appartient aussi la peinture à l'huile Rue Principale et rues secondaires, qui nous permet d'avoir un aperçu sur la façon de voir et de sentir de Paul Klee. Cette interprétation picturale de la grande plaine alluviale du Nil, qui s'étend à l'infini sous le soleil ardent, avec ses petits champs jaunes et orange, et le vert décoloré de terrains péniblement travaillés. Chaque tableau de Paul Klee est une réplique au monde, une image restituée, en