Paroles de feu
Le feu: origine du monde et des éléments, à en croire les théoriciens du cosmos et leur énorme explosion bruyante, seconde à laquelle, des quatre éléments aristotéliciens, il n’en existait littéralement qu’un seul, et qui plus est, au sens d’Empédocle, le seul qui n’en est pas un, contrairement à la terre, l’air et l’eau qui représenteront plus tard chacun un état bien connu de la matière. La cosmogonie mazdéenne fait de même apparaître le monde, à partir des « lumières infinies » et , dans le Satapatha Brahmana, le feu est signe de stabilité, à l’opposé du chaos désordonné, à tel point que celui qui construit l’autel du feu est légalement établi au lieu qu’il a choisi. « Et la lumière fut »: le big bang, cette gigantesque et brutale libération de feu, d’énergie et de lumière qui, des milliards d’années après, fait encore et toujours tourner les galaxies et leurs étoiles. Notre étoile: celle qui produit et distribue si largement, si négligemment pourrait-on dire en ces temps d’angoisse énergétique, quelques quarante mille milliards de kilo-calories par seconde à la terre qui ellemême, ne comprenant décidemment rien à la compétition tous azimuts de développement durable, en réfléchit inconsciemment et aussitôt un tiers dans l’espace. Cette boule de feu, ce soleil que le ministère de la recherche de l’époque a du gratifier d’un budget à faire pâlir de jalousie les travailleurs de Cadarache, pour qu’il maîtrise constamment et sans catastrophe écologique publiable, ou mieux, médiatisable, les réactions de fusion nucléaire. Notre étoile vers laquelle Icare, tel un enfant presque nouveau-né découvrant le toucher, a tenté de voler avant de s’y brûler les ailes. Aux origines profondes du manichéisme, citons Philippe, disciple de Platon: « l’âme et l’esprit sont nés d’eau, de feu et de lumière…Le feu est l’onction, la lumière est le feu, celle dont la forme est blanche, qui est la belle lumière et qui donne la beauté ». La belle lumière, la lumière blanche.